Le sommeil est partout.
Dans les journaux, nos conversations, l'intimité de nos nuits.
Nous en mesurons chaque jour le caractère capital pour l'équilibre de nos vies.
"J'aime dormir !", semble être devenu le nouveau mantra de notre modernité.
Et pourtant.
Jamais nous n'avons aussi peu et aussi mal dormi.
Jamais nous n'avons été soumis aux tentations de sacrifier notre repos, sous les effets souvent mêlés des écrans et du travail de nuit, des pollutions aérienne, sonore et lumineuse, d'un discours contemporain où le sommeil apparaît comme un temps perdu pour la production ou la consommation.
Et puis, c'est un constat partagé, le sommeil est aujourd'hui trop souvent réduit à sa dimension biologique, neuronale.
Son domaine est tellement plus vaste !
Imagine-t-on réduire l'alimentation à la seule chimie de notre estomac, sans évoquer les gastronomies du monde, les livres de recettes, la restauration scolaire, l'économie des restaurants ou tout simplement le plaisir de manger ?
Que dirait-on d'un discours qui bornerait le sport à la mécanique de nos muscles, en oubliant les chants des supporters, l'histoire des compétitions, les infrastructures sportives, l'apprentissage des valeurs du collectif ?
Le sommeil, en réalité, traverse, dépend et influence de multiples domaines de nos existences, qu'il s'agisse de la création littéraire, de l'architecture des villes, de l'hôtellerie, des modes de transport, du monde du travail, du milieu de la fête, de la transition écologique, des activités physiques, de la sexualité, du secteur de la literie, des relations amoureuses, etc.
C'est aussi une "matière" sans cesse écrite et réécrite par la société, par la civilisation - que l'on songe par exemple aux effets des écrans, de l'apnée du sommeil, du travail de nuit, des nuisances sonores, des moteurs, etc. Homo sapiens est un être social et historique pour lequel tout fait biologique est aussi, et avant tout, un phénomène politique.
Voilà pourquoi ont été créés les Sleep Activists.